« Kai o logos sarx égénéto » – « et la parole devint chair. » Au coeur du mystère chrétien se trouve cette réalité annoncée au verset 14 du premier chapitre de l’évangile selon saint Jean. Dieu qui est en dehors du temps, entre dans le cours du temps en prenant corps dans notre humanité. L’incarnation est le point culminant de la révélation que Dieu fait de lui-même et le lieu de notre Salut. Le grand Tertullien affirmait déjà avec force au IIe siècle : « la chair est la charnière du salut » (caro cardo salutis est) et les Pères de langue grecque n’y manquèrent pas d’y faire écho : « ce qui n’a pas été assumé par l’incarnation, n’a pas été sauvé ».
D’où vient donc le fait que pendant longtemps, le corps fut méprisé au point d’être réduit à une quantité négligeable ? Pourquoi avoir rejeté avec dédain ce que Dieu lui-même considère suffisamment digne pour le devenir ? L’histoire porte en elle l’épaisseur des contradictions et des interprétations. Le poison de la gnose n’est jamais très loin… Il demeure cependant que la « carnation » de l’homme et sa « corporéité » est plus qu’essentielle dans le mystère de son existence et de sa vocation.
C’est donc dans la pluralité des significations et la plurivocité des expériences que se dévoile le mystère du corps. Dans une époque où la tentation d’idolâtrie du corps se mêle avec une peur haineuse de ce dernier, il n’est pas inutile de considérer que rien de ce qui fait notre vie – pas même notre corps – n’est étranger à la vie et à l’amour divin.
La démarche « Sarx égénto – Le corps dans tous ses états » vous propose un itinéraire sur le mystère de l’incarnation comme événement de notre beauté, de notre guérison et de notre salut. À travers oeuvres artistiques, textes bibliques et théologiques, c’est une profonde méditation qui se dévoile sans s’imposer. Que chacun puisse y trouver son propre chemin spirituel pour vivre, dès à présent, dans la clarté du Dieu-fait-homme.